Sur l'histoire du copain de Blida, il me paraît évident -- enfin, c'est comme ça que j'ai compris la vidéo, si ça s'est passé différemment, les Bondy-blogueurs pourront nous le dire -- qu'Idir a commenté à chaud, pour son copain qui le filmait, juste après l'interview qu'il venait de faire, une fois l'interviewé parti.<br />
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Et ça me paraît très instructif.<br />
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Ils ont échangé spontanément des impressions sur ce que venait de dire l'élu frontiste. Idir a trouvé le coup du copain de Blida un peu gros, un peu téléphoné, pas sincère. C'est d'ailleurs une réflexion banale. C'est devenu un propos de café du commerce (ce qui ne veut pas dire que ce soit faux) que de le rappeler: de nombreux anti-sémites des années 30 avaient un "très bon ami juif".<br />
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Ca explique, je pense, pourquoi cette réflexion s'est retrouvée dans l'interview.<br />
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Quant à dire qu'un blogueur ne devrait pas prendre de recul après une interview, la commenter, donner son avis, et même (on croit rêver!) ne pas critiquer un conseiller municipal dans l'enceinte de la mairie, une fois qu'il a le dos tourné, ben les gars je comprends pas pourquoi vous lisez des blogs, alors.<br />
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Contentez-vous de regarder TF 1, lisez les dépêches AFP, les communiqués du gouvernement et de la CGT: ça devrait vous satisfaire.<br />
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Les blogs, c'est justement la transparence, c'est dire comment ça s'est passé; c'est aussi la subjectivité du blogueur, c'est dire ce qu'on en pense; c'est, encore, la spontanéité: vous ne pouvez pas demander une semaine d'enquête à un blogueur pour préparer un billet.<br />
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L'immédiateté, la transparence, la succession rapide des notes, et aussi, bien sûr, l'enrichissement apporté par le contrepoint des commentaires, compensent ce que le médium perd en approfondissement, en vérification de l'information, en sérieux.<br />
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Vous demandez à un blog de non journalistes d'adopter le mode de traitement de journalistes des années 1960. Alors que les médias traditionnels eux-mêmes se cassent la tête pour abandonner leur tour d'ivoire et tenter de s'approprier un peu de l'interactivité et de la spontanéité des blogueurs. Ca ne tient pas debout.<br />
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Je vous signale que ce qu'Idir et Sylvain ont fait là, c'est exactement ce que font les lecteurs du Parisien, quand ils participent à une interview collective avec un homme politique. Leurs questions et ses réponses sont reproduites dans le journal. Et, en plus, la rédaction interroge les lecteurs, juste après l'interview, sur ce qu'ils ont pensé de l'échange, des réponses, de l'interviewé. Leurs réflexions sont reproduites dans le journal. <br />
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Et personne ne songe à s'offusquer que Monsieur X ou Madame Y ait dit: hum! Le Pen, là, je l'ai pas trouvé trop sincère, il a esquivé les questions, il m'a pas convaincu, puis ses protestations de non-racisme, j'y crois pas.<br />
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Au contraire, c'est une des parties les plus intéressantes de la double page.<br />
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On peut débrancher la démocratie, aussi, si vous aimez pas que les gens critiquent les hommes politiques qui demandent leurs suffrages...
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